Face à une dette publique américaine qui dépasse les 37 000 milliards de dollars, des voix influentes comme Donald Trump et Michael Saylor imaginent le Bitcoin non plus comme une simple cryptomonnaie spéculative, mais comme un atout stratégique capable de générer des gains massifs pour rembourser ce fardeau.
En bref
- Les États-Unis ajoutent 1 000 milliards de dollars de dette tous les 100 jours, avec des intérêts annuels qui avalent déjà 76 % des recettes fiscales.
- Acheter 1 million de BTC sur cinq ans pourrait, selon Michael Saylor, effacer 16 000 milliards de dette grâce à l’appréciation de l’actif.
- L’ancien président propose un “chèque crypto” pour solder les 35 000 milliards, en capitalisant sur la rareté du Bitcoin (21 millions d’unités max).
- BitBonds ? VanEck suggère des obligations hybrides mêlant dette US et Bitcoin, pour diviser par deux les taux d’intérêt (de 4 % à 2 %).
- Peter Schiff doute : pour couvrir la dette totale, chaque BTC devrait valoir 1,8 million de dollars, un scénario “irréaliste”.
La dette américaine s’évalue à 37 000 milliards de dollars en octobre 2025, elle représente plus du double du PIB annuel des États-Unis et un poids croissant pour les générations futures. Née des dépenses massives post-COVID, des guerres budgétaires au Congrès et d’une dépendance aux bons du Trésor à court terme, cette montagne d’endettement menace la stabilité du dollar, monnaie réserve mondiale. Les intérêts seuls, gonflés par des taux d’emprunt autour de 4 %, pourraient bientôt dépasser les budgets de défense ou d’éducation. C’est dans ce contexte que le Bitcoin émerge comme une solution. Limitée à 21 millions d’unités, cette cryptomonnaie décentralisée a vu son prix multiplié par 100 en une décennie, passant de 1 000 à plus de 100 000 dollars.
La montagne de la dette US : Un fardeau insoutenable
Des figures comme la sénatrice Cynthia Lummis ou le PDG de MicroStrategy, Michael Saylor, plaident pour une “réserve stratégique” de Bitcoin, financée par la vente d’or ou de fonds existants, pour transformer sa volatilité en opportunité. Mais cette stratégie peut-elle vraiment “éponger” une dette qui grossit de 2 000 milliards par an ?
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2000, la dette américaine culminait à 5 600 milliards de dollars. Vingt-cinq ans plus tard, elle a sextuplé, alimentée par des déficits chroniques et une impression monétaire effrénée. Chaque citoyen américain “doit” ainsi environ 110 000 dollars, un chiffre qui grimpe avec les intérêts : 1 000 milliards par an, soit plus que le budget de la NASA multiplié par 50.
Les créanciers étrangers, comme la Chine ou le Japon, détiennent 25 % de ces bons du Trésor, ce qui rend les États-Unis vulnérables à toute perte de confiance. Sans réforme, les économistes prévoient un “effet boule de neige” : des taux plus élevés pour emprunter, des coupes budgétaires forcées et une inflation galopante qui érode le pouvoir d’achat.
C’est ici que le Bitcoin entre en scène, non comme une bulle spéculative, mais comme un actif “dur” capable de contrer l’inflation fiat.
Bitcoin comme réserve stratégique
Les États-Unis doivent stocker du Bitcoin. La proposition phare, portée par Cynthia Lummis via le “Bitcoin Act” de 2024, vise à acquérir 1 million de BTC (5 % de l’offre totale) sur cinq ans, pour un coût initial de 60 à 70 milliards de dollars.
Financé par la vente partielle des réserves d’or de la Fed (valeur : 500 milliards), ce actif numérique serait tenu 20 ans minimum, le temps que l’appréciation du BTC génère des plus-values colossales. Michael Saylor, évangéliste du Bitcoin, calcule que si le prix double tous les quatre ans, cette réserve pourrait valoir 16 000 milliards en 2030 et permettrait d’effacer 45 % de la dette actuelle.
Donald Trump, lors d’une interview Fox en 2024, a même lancé : “On pourrait payer nos 35 000 milliards avec un petit chèque crypto !” Cette vision s’inspire des réserves d’or post-Seconde Guerre mondiale, qui ont stabilisé le dollar. Mais contrairement à l’or, le Bitcoin est programmable, traçable via blockchain, et résistent aux manipulations étatiques.
Lire aussi :
Bitcoin peut-il sauver la dette américaine ?
Le mécanisme des BitBonds
Comment passer de la théorie à l’acte ? VanEck, géant de la gestion d’actifs, propose les “BitBonds” : des obligations du Trésor hybrides, 90 % en dette classique et 10 % en exposition Bitcoin. Lancée en 2025, cette innovation permettrait de refinancer 14 000 milliards de dette arrivant à échéance d’ici trois ans à des taux divisés par deux (1-2 % au lieu de 3-4 %).
Les investisseurs reçoivent à l’échéance la valeur du Trésor plus les gains BTC, tandis que l’État capture le surplus pour rembourser ses créanciers. Une autre piste : accepter les paiements fiscaux en Bitcoin des mineurs, comme le suggère un rapport Reddit, pour gonfler les réserves sans coût supplémentaire.
À long terme, une vente progressive des BTC (sans inonder le marché) transformerait ces actifs en dollars frais. Des simulations VanEck montrent que, avec un rendement annuel composé de 30 % pour le BTC, les BitBonds offriraient 49 % de rendement aux acheteurs tout en allégeant le fardeau de l’Etat.
C’est accessible, innovant, et ça contourne les blocages congressionnels via des fonds comme l’Exchange Stabilization Fund (215 milliards disponibles).
Une bulle ou un sauveur du Dollar, le Bitcoin ?
Rien n’est sans faille. Peter Schiff, économiste iconoclaste, raille : pour que 1 million de BTC couvrent 37 000 milliards, chaque coin devrait valoir 37 millions de dollars, un bond de 20 000 % irréaliste. La volatilité du Bitcoin (chutes de 70 % en 2022) pourrait aggraver la crise si les prix plongent. De plus, acheter massivement ferait exploser le cours, rendant l’opération auto-destructrice.
Les sceptiques, comme Forbes, rappellent que le marché cap du BTC (1,7 trillion aujourd’hui) ne couvre même pas un an de déficit (2 trillions). Et si la Fed imprime plus de dollars pour contrer une chute ? L’inflation s’emballerait. Pourtant, les partisans contre-attaquent : le Bitcoin n’est pas une “solution miracle”, mais un hedge contre l’inflation, comme l’or l’a été jadis.
Avec des stablecoins adossés au dollar (USDT, USDC : 95 milliards en bons du Trésor), les cryptos boostent déjà la demande de dette US, ce qui retarde la crise.









