Palantir Technologies, mastodonte de l’analyse de données dopée à l’intelligence artificielle, affiche une croissance explosive en 2025, avec des revenus qui dépassent le milliard de dollars au deuxième trimestre. Mais derrière les succès financiers, des controverses sur la surveillance de masse et l’éthique menacent son ascension fulgurante.
En bref
- Croissance fulgurante : Revenus à 1,03 milliard de dollars au T2 2025, +48 % sur un an, portés par l’IA.
- Bourse en ébullition : Action multipliée par 13 depuis 2020, +141 % en 2025, malgré des chutes soudaines.
- Contrats massifs : Milliards signés avec le Pentagone, l’administration Trump et le NHS britannique.
- Polémiques éthiques : Accusations de surveillance des migrants via l’ICE et implication dans des conflits comme Gaza.
- IA en pointe : Plateforme AIP explose (+93 % de revenus commerciaux), mais valorisation critiquée à 600 fois les bénéfices.
Fondée en 2003 par Peter Thiel avec le soutien de la CIA via son fonds In-Q-Tel, Palantir Technologies s’est imposée comme un leader mondial de l’analyse de données. Basée à Denver, l’entreprise excelle dans la transformation de montagnes de données en décisions stratégiques grâce à ses plateformes Gotham et Foundry, dopées par l’intelligence artificielle. En 2025, Palantir est en feu : son action, cotée au Nasdaq, a grimpé de 141 % cette année, portée par une demande insatiable pour ses outils IA. Le premier trimestre a affiché des revenus de 884 millions de dollars (+39 %), et le T2 a franchi le cap du milliard, avec une guidance annuelle relevée à +45 %. Mais ce tableau idyllique cache des ombres. Les contrats controversés avec l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) pour traquer les migrants, les partenariats militaires en Ukraine et à Gaza, et les craintes de surveillance massive aux États-Unis jettent un voile sur son image. Alex Karp, PDG charismatique, défend ces choix comme vitaux pour la sécurité nationale.
Un modèle économique en pleine accélération
Palantir a bâti son empire sur une promesse : faire de la masse des données un instrument stratégique. Sa plateforme Gotham est utilisée par les gouvernements pour des opérations de défense et de renseignement, c’est de à que provient 55 % de ses revenus. En 2025, les contrats avec le Pentagone explosent : le programme Maven, axé sur l’IA pour la défense, a vu son plafond relevé à 1,3 milliard de dollars.
Le secteur commercial n’est pas en reste. La plateforme Foundry, qui aide les entreprises à optimiser leurs opérations, et la nouvelle venue AIP (Artificial Intelligence Platform) affichent une croissance de 93 % aux États-Unis au T2 2025. Résultat ? Une marge nette en hausse de 37,5 %, des flux de trésorerie positifs, et des analystes comme ceux de Goldman Sachs relevant leurs objectifs à 250 dollars par action.
Pourtant, la volatilité guette. En mai 2025, l’action a chuté de 13 % en une journée après un T1 jugé “décevant” face aux attentes stratosphériques de Wall Street. Avec une valorisation à 430 milliards de dollars, soit 600 fois les bénéfices projetés pour 2024, certains, comme The Economist, crient à la surévaluation.
Les controverses éthiques : Une épée de Damoclès
Le revers de la médaille est sombre. Palantir est au cœur de polémiques éthiques qui ternissent son éclat. Son contrat de 30 millions de dollars avec l’ICE, renouvelé en avril 2025, est accusé de faciliter la déportation massive de migrants aux États-Unis. Des ONG comme Amnesty International dénoncent l’utilisation de ses outils pour traquer les populations vulnérables.
À l’international, ses logiciels soutiennent des opérations militaires controversées, notamment en Ukraine et à Gaza, où ils auraient servi à cibler des objectifs sensibles, selon The Intercept. Ces révélations ont déclenché des manifestations d’employés et des grèves, notamment au Royaume-Uni contre un contrat de 330 millions de livres avec le NHS pour gérer les données de santé.
Morningstar pointe des “risques réputationnels majeurs”, tandis que des experts craignent que Palantir ne devienne un outil de surveillance de masse des citoyens américains, en contradiction avec les déclarations d’Alex Karp : “Nous ne surveillons pas les citoyens.” Ces accusations pèsent lourd dans un climat où la confiance dans la tech s’érode.
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Le pivot commercial de Palentir
Face aux critiques, Palantir accélère son pivot vers le secteur privé. En 2025, les revenus commerciaux (45 % du total) croissent de 54 % au T3, portés par des clients comme Airbus, BP, et même des startups adoptant Foundry pour optimiser leurs supply chains. La plateforme AIP, qui démocratise l’IA pour des usages variés, séduit les entreprises en quête d’automatisation.
Ce virage réduit la dépendance aux contrats gouvernementaux, mais il n’efface pas les risques. Les clients privés, sensibles à la réputation, pourraient hésiter face aux controverses. De plus, la concurrence s’intensifie : des acteurs comme Snowflake ou Databricks proposent des solutions similaires à des valorisations moins vertigineuses.
Palantir parie sur sa différenciation, une IA intégrée et personnalisée, mais le marché commercial est impitoyable.
Palentir, un géant incontournable ?
Palantir ne montre aucun signe de ralentissement. Sa guidance pour 2025 table sur une croissance de 31 %, avec des ambitions en Europe (NHS, défense française) et en Asie. Son “bootcamp” AIP, qui forme des entreprises à l’IA, a attiré 500 clients en un an. Mais les vents contraires s’accumulent. La régulation de l’IA, renforcée par l’UE avec l’AI Act, pourrait freiner ses ambitions.
Aux États-Unis, l’administration Trump, favorable à Palantir, pourrait paradoxalement pousser pour des contrats de surveillance. Les investisseurs, eux, scrutent la rentabilité : à 600 fois les bénéfices, la moindre déception pourrait déclencher une correction brutale. Palantir doit donc naviguer entre innovation, éthique et attentes démesurées.









